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Ce n’était pas un temps pour les grenouilles.. Et pourtant !

mardi 23 octobre 2018, par Marjorie Roussel

Tout commence un beau jour de décembre 2017, le dénommé LUDO (notre « baby-traileur ») s’inscrit au marathon des Causses des Templiers, balance un mail à la communauté et nous voilà une trentaine inscrits en quelques jours majoritairement sur cette course de 38km. La faute à tout ces documentaires merveilleux sur le trail qui nous font pousser des ailes et sans doute un coup de folie et nous voilà inscrits Eric & moi sur la Boffi fifty 51km 2700D+ (et encore c’était moins une pour que ce soit le grand trail de 75km). Quelle drôle d’idée !

Plusieurs dizaines de séances et quelques mois plus tard, nous voilà partis sur les routes de France direction Millau. Depuis le lieu de retrait des dossards la veille du départ, les Causses au-dessus de nos têtes nous rappellent à la dure réalité, le dénivelé est bien visible, ça ne sera pas facile. « Est-ce que les séances de côtes à la Roche Ballue auront été suffisantes ? », j’ai comme un doute. Et pourtant je ne devrais pas, ne jamais douter c’est le secret sur les longues distances non ? bref, ne pas y penser c’est trop tard pour réfléchir et je suis venue pour me dépasser alors …..

Lendemain 9h nous sommes prêts pour le départ. Une séance de fitness tous ensemble pour dérouiller les jambes, la musique est lancée (ça donne des frissons) c’est parti pour les 600 coureurs. Dès les 1er mètres quelle surprise d’être encouragés par nos amis du 38 qui n’ont pas encore pris le départ et qui sont venus nous faire la surprise (beaucoup d’émotion dès le début de la course ce qui est rare). Je constate vite fait que la fille juste devant moi à des mollets de la taille de mes cuisses et je me dis que c’est sans doute le secret pour le trail de montagne, sauf que je n’aurai jamais les mêmes ! Pas grave je ferai sans, consciente que mon mental devra compenser mes pattes de serin. Sur les 1ers Km ça monte gentiment mais ça ne va pas durer, une première ascension nous emmène sur le Causse, quel spectacle. Nous dominons la vallée le ciel est complètement dégagé, je sais pourquoi je suis là : pour ça, tout simplement. Et ce n’est pas terminé. Nous enchainons les Km avec prudence car nous savons depuis le début que la dernière portion sera difficile, les 16 derniers à priori. Je décide donc dans ma tête de découper ma course en 3 portions de 16 + 3 petits derniers pour rigoler ! (mais 3 c’est rien non ? je garde ça pour la fin).

Les dix 1ers Km sont avalés en 1h25, les 18 suivants en 4h, j’ai la naïveté de penser qu’à ce rythme je vais très vite arriver à mon 3ème 16km. Le ravito du 28 arrive à temps, les jambes commencent à raidir, le ventre gargouille, il fait déjà très chaud. Nous avons besoin de recharger les batteries et de refaire le plein d’eau car nous suons déjà beaucoup et il est tout juste midi. Nous repartons du ravito un peu plus fringants, nous nous forçons à recourir mais ça ne va pas durer longtemps. 2 km plus loin et nous voilà dans une portion bien technique. Je discute avec un coureur du coin qui m’explique que ce n’est que le début d’un tracé de 10km environ dans les fameuses falaises du Boffi où me dit-il « nous évoluerons très peu ». C’est rien de le dire ! Impossible de courir, j’ai très chaud la roche renvoie la chaleur, petit coup de mou et besoin de m’assoir à l’ombre et de manger avant de repartir d’entrée dans une grosse ascension. Eric se pose avec moi et nous repartons. Nous rêvons d’ombre et d’eau plate mais il ne faut pas y penser car le 2èm ravito est au 44ème. Le coureur avait raison l’évolution est lente, très lente, il faut absolument se raccrocher à autre chose. Ca tombe bien, les points de vue sont fantastiques, j’essaie d’en profiter un max même si je garde les yeux rivés au sol car le vide est toujours là et j’ai le vertige. Je gamberge, je me dis « tu as choisi d’être là, personne ne t’y oblige, penses à ceux qui se sont entrainé et qui n’ont pas pu venir, pas le droit de te plaindre »….et ça repart. J’ai le souvenir d’avoir mis des heures à passer du 30ème au 32ème KM, comme sur un tapis de course à pied. Enfin quelques KM plus loin au P101 on nous annonce un ravito supplémentaire au P103 avec de l’eau, rien que de l’eau ça fait rêver et ça remotive. Mais les officiels sont incapables de nous dire à combien de km est P103, un détail ! Finalement le P103 est au km 39, il nous aura fallu 1h30 de course, pour s’entendre dire « il n’y a plus d’eau ». Ca fait mal au moral, la poche à eau se vide inlassablement, il fait encore très chaud et le ravito est encore à 5km soient 1h30-2h de course peut-être. Il faut se remobiliser. Eric commence à ronchonner, il a mal au genou dans les descentes trop abruptes (ça tombe mal il en reste quelques unes) et je sais que logiquement c’est moi la ronchon pas lui, ce n’est pas bon signe. Nous continuons à avancer et à penser à autre chose. Pour ma part dès que mon tél vibre ça me rappelle que quelque part dans la vallée ou à Bouaye des gens pensent à nous et nous soutiennent. Je me raccroche à eux sans qu’ils ne le sachent. Alléluia, le ravito du 44 est là, il y a du public à encourager, c’est joli comme tout cette vieille ferme caussenarde et en plus je tombe sur les copains Willy et Tony qui sont sur le 38 (ravito commun). Que ça fait du bien. J’attends qu’Eric arrive et pendant ce temps là je mange. Nous décidons tous les deux d’y rester un peu pour se reposer, mais pas trop car il est hors de question d’arriver à la nuit tombée la dernière descente est annoncée très technique et glissante !

Enfin le terrain est plat je peux recourir, j’en rêvais. Je me lâche sur 2/3 km arrêtée net par une grosse ascension mais je fonce, c’est l’avant dernière je le sais et je dois approcher du 46/47èm km (ma montre est HS je calcule à la louche). Eric est juste derrière, il assure la suite avec son genou abimé. En haut de cette cote, sentier single track en bord de falaise, un aigle qui nous tourne autour majestueux, des parapentes partout. Je me surprends à imaginer que la descente serait plus douce en parapente ! Retour à la réalité et au fond, tout au fond enfin, le viaduc de Millau de dessine. Le soleil décline, les rochers sont orangés, extraordinaire moment. Il doit nous rester moins de 3km j’imagine, la nuit ne nous avalera pas. Mais une dernière ascension que j’imaginais courte et moins raide que la précédente s’offre à nous. Il fait encore très chaud au soleil, le dénivelé est important les jambes sont pleines d’acide lactique. Mais c’est la dernière il faut y aller. Eric est juste derrière moi je le vois. Je décide de ne pas m’arrêter et de l’attendre là haut, avant la dernière descente. Ca y est nous y sommes, enfin et le soleil n’est pas encore couché mission accomplie. Le viaduc se rapproche et nous entendons désormais le speaker, les cris du public et les cloches. Quel bonheur. Nous descendons à vive allure malgré la fatigue et la dangerosité de cette portion qui glisse comme une patinoire, dans l’espoir de voir enfin les copains qui sont forcément arrivés avant nous. Les voilà, nous les entendons d’abord puis les voyons enfin. Dernier sprint et nous passons la ligne d’arrivée ensemble, il est 19h05 quel bonheur d’être ici. Les doutes sont dissipés, c’était certes très difficile mais pas impossible.

Ce n’était pas un temps pour les grenouilles et pourtant …. nous sommes tous finishers. Que ce soit 18, 38 ou 51 tous sans exception sommes arrivés sans blessure, fatigués mais sans aucun regret. Merci au coach pour sa prépa et aux copains pour leurs encouragements ici ou là-bas. Finalement, on s’en referai bien un non ??????? MADERE - MAFATE - LES DOLOMITES - LES ALPES il y a plein de montagnes qui nous tendent les bras.

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