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Présentation de Franck Guerry
jeudi 30 juin 2011, par
Mardi 15 juin mai 2011, 20h00 au Stade des Ormeaux, interview de Franck GUERRY par Christelle Massidda.
Présentation de Franck
Tout comme Marina, Franck s’est prêté pour nous au jeu des questions-réponses afin de nous présenter son handicap et sa manière de l’appréhender au jour le jour.
Franck, 45 ans est le papa de deux petites filles dont l’une d’entre elle est licencié au club depuis un an. Ayant déjà pour habitude de courir ensemble, c’est pourquoi lorsque sa fille s’est inscrite en septembre dernier, il a décidé de prendre une licence loisir et de rejoindre le club. La course à pied est un sport qui lui permet de canaliser son énergie mais surtout de travailler sa résistance pour ainsi faire face à son handicap. Aujourd’hui, il ne la pratique qu’à titre de loisir car il s’est déjà beaucoup consacré à la compétition auparavant, durant ses dix années de natation. En effet, de 1990 à 2000, Franck a pratiqué la natation et a participé à de nombreuses compétitions handisports au niveau national mais aussi à des compétitions non handisports. Spécialisé dans la nage papillon, il a malheureusement du se résoudre à arrêter car cela devenait trop douloureux au niveau des cervicales. La course à pied est un moyen pour lui de se changer les idées et de se détendre. Il la pratique sans trop se poser de questions et toujours en respectant sa devise « y aller doucement mais sûrement ». Bien intégré dans le groupe loisir qu’il qualifie de « groupe sympa », il explique que les autres athlètes ce sont bien adaptés à son handicap. « Il ne faut pas trop m’attendre. Je cours à mon rythme car je veux absolument aller jusqu’au bout mais je ne veux pas être trop fatigué donc je gère mon allure ». Malgré tout, cela n’est pas toujours évident car Franck a des problèmes de déséquilibres lorsqu’il court. « Si je force trop à droite, sa tire à gauche ». Comment gère t-il son handicap jour après jour ? Cela présente t-il un frein à sa pratique sportive et professionnelle ?
L’origine de son handicap
Franck n’a que trois ans et demi lorsqu’il subi un accident. Alors qu’il jouait au ballon, il traverse la route et se fait heurter par une voiture. Il chute sur l’épaule gauche, ce qui induit une atrophie (Diminution du volume ou du poids d’un organe, d’un membre). Lors de son hospitalisation, Franck se retrouve victime de gangrène à la jambe droite. La gangrène est le résultat d’un arrêt de la circulation sanguine au niveau d’un tissu, entraînant la nécrose (mort) de celui-ci et se localisant généralement aux membres (inférieurs essentiellement). Néanmoins, la gangrène d’un viscère est également possible (poumons, intestin, foie, etc.). Suite à cela, Franck a grandi avec une mobilité très réduite du mouvement de son bras gauche qu’il ne pouvait alors plus lever. Sa jambe droite quant-à elle est très fragilisée car recouverte d’une fine couche de peau, c’est pourquoi il porte aujourd’hui une orthèse lui permettant de protéger sa jambe de la cheville jusqu’au mollet.
Quels en sont les impacts dans sa vie professionnelle ? Employé de bureau depuis dix ans, Franck travaille dans l’archivage. Même s’il apprécie son travail, il avoue que c’est « très dur moralement ». Cela nécessite énormément de patience car son activité demande du temps avant d’arriver à terme. Néanmoins son activité professionnelle est un plus pour son équilibre, aussi bien sur le plan personnel que physique. En effet celle-ci lui permet de procéder à sa rééducation en sollicitant ses deux bras, même s’il travaille de la main droite. Grâce à cela et à une rééducation seul chez lui à raison de trois fois par semaine, Franck est aujourd’hui dans la capacité de lever et tendre son bras, ce qu’il ne pouvait pas faire auparavant.
Est-ce un frein à la pratique sportive ? Franck nous explique qu’il a tendance à trop oublier son handicap. « Je fais comme si de rien n’était mais il me faut doser mon effort. Je me permets de tout faire, mais sans en faire trop, toujours en y allant doucement ». Ayant grandi avec son handicap, il dit relativiser. « Je prends les choses comme elles viennent, naturellement, sans me poser trop de questions sinon on tombe dans la monotonie et ce n’est pas ce que je veux. Bien que ce handicap te fasse perdre confiance en toi, ça aurait été beaucoup plus dur psychologiquement si j’avais eu cet accident à 18 ans ! Quand on a un problème de santé, certes on a notre environnement autour de nous, mais c’est à toi seul de faire ce qu’il faut pour t’en sortir, pour lutter. Il y a toujours une sortie, même si le chemin est parfois long ».
En dehors du sport, Franck occupe son temps libre à jardiner, à faire des puzzles ou autres activités de patience. « Il faut être patient avec ce handicap, on voudrait plein de choses, mais on ne peut pas tout avoir tout de suite ». Lorsque je lui demande quel message il aimerait faire passer, il nous invite simplement à nous poser la question suivante : « Si cela vous arrivait en étant jeune, comment feriez-vous les choses pour vous en sortir ? ». Ce a quoi il répond « Ce n’est pas évident ! ».